Depuis de nombreuses années des projets architecturaux sur l’agglomération nantaise se sont attachés à conserver des éléments de l’architecture industrielle.
Un des tous premiers projets fut la rénovation de la manufacture des tabacs au début des années 1980. On peut même dire que Nantes a été précurseur en la matière. L’usine inaugurée en 1864 et fermée en 1974, est devenue « la Manu », après un programme de réhabilitation décidé en 1977 et achevé en 1983. A cette occasion la ville a également initiée une démarche originale. A partir d’un schéma directeur de réhabilitation fixé par la Ville, un concours d’architecte fut lancé par tranches successives : des équipes différentes travaillèrent chacune sur un programme distinct. Ainsi l’ancienne manufacture a été transformée en un complexe immobilier accueillant des services municipaux, des logements, des services de proximité (crèche, permanence médico-sociale, halte-garderie, foyer du troisième âge, bibliothèque, salle de gymnastique), ainsi que des équipements répondant à des besoins municipaux plus précis tels qu’une maison des associations et une auberge de jeunesse.
Toujours sur la ville de Nantes un autre projet a été conduit de façon remarquable, il s’agit de la conservation et de la réhabilitation de l’usine LU dans un site proche du centre-ville. Les bâtiments d’origine, dus à l’architecte Auguste Bluysen, ont été réhabilités après désaffectation de l’usine à la fin des années 1980 par l’architecte Patrick Bouchain On y trouve aujourd’hui une scène nationale avec un espace d’expositions et de spectacles ainsi qu’un café/bar/club, un restaurant, une librairie, une boutique et un hammam. La tour quant à elle a été rénovée en 1998 par l’architecte Jean-Marie Lépinay, a et ouverte au public en 2000.
On peut citer également la reconversion d’une ancienne usine électrique rue Lamoricière à Nantes, construite en 1901, et composée de deux halles. La plus petite a été réhabilitée en 2000, et accueille une supérette au rez-de-chaussée, et des bureaux en duplex au-dessus. La plus grande, réhabilitée en 2001, accueille un complexe sportif de quartier.
Un peu plus à l’Ouest, un autre exemple, celui de la tour à plomb à Couëron.
Cette tour achevée en 1878 est un des derniers édifices industriels du XIXe siècle de la région nantaise Elle faisait partie d’une usine construite en 1861. L’activité sur le site a cessé en décembre 1988. Propriété de la ville, classée monument historique en 1993, l’espace de la tour à plomb accueille un espace culturel et associatif (incluant notamment la maison des associations et une médiathèque) et mis en service en 2009.
Plus récemment des programmes architecturaux se sont attachés à conserver les caractéristiques de sites d’activités comme sur l’île de Nantes :
– Transformation des ateliers des fonderies de l’Atlantique en jardin exotique ;
– Transformation d’anciennes nefs sur le site des chantiers navals en un parc des chantiers qui accueille aujourd’hui les Machines de l’ïle et leur éléphant.
– Mise en valeur des bureaux des anciens chantiers navals devenus la maison des hommes et des techniques ;
– Réutilisation des halles dites Alstom, anciens lieux de fabrication des chantiers navals fermés en 1987, pour accueillir une pépinière d’entreprises des biotechnologies et demain la nouvelle École Supérieure des Beaux-Arts de Nantes Métropole (Esbanm) dans le cadre d’un programme d’ensemble réalisé par l’architecte Franklin Azzi
Par ailleurs, la manifestation « Estuaire » programmée en 2007-2009 et 2012 visait à mettre en place un parcours d’art contemporain le long de la Loire. Aujourd’hui ce sont 29 œuvres pérennes, visibles sur 22 sites et 12 communes de Nantes à Saint Nazaire. Certaines de ces oeuvres remettent en valeur des éléments du patrimoine industriel.
– Les toits des hangars du port de Saint Nazaire avec « Suite de triangles » de Félice Varini
– Une ancienne tour à sable à Rezé devenue le Pendule de Roman Signer
– La Station Prouvé sur le parc des chantiers
– La Villa Cheminée de Tatzu Nishi à Cordemais
– La Serpentine Rouge à Indre de Jimmie Durham
Enfin pour garder la mémoire de l’activité portuaire la ville de Nantes a conservé deux grues Titans sur l’île de Nantes. Ces grues ont été conservées en témoignage du passé industriel de la ville. La grue jaune, appartenait jadis aux chantiers navals Dubigeon, et la grue grise, au Port autonome de Nantes-Saint-Nazaire.
Cette valorisation du patrimoine industriel s’est appuyée sur 4 critères de l’UNESCO:
• le critère historique en rapport avec le développement de la région
• Le critère représentatif de l’industrialisation
• Le critère de notoriété distinguant des bâtiments remarquables ou exceptionnels dus à l’ingéniosité des Hommes
• Le critère de l’intérêt technologique, attestant d’un procédé ou d’une innovation
Pour confirmer la pertinence de cette démarche une des grues Titan a été classée monument historique par arrêté ministériel le 27 mai 2005.
La mise en valeur du patrimoine industriel dans la région nantaise est une démarche qui existe depuis longtemps compte tenu d’un passé industriel encore très présent. Les opérations citées ci-dessus sont des opérations emblématiques qui ne doivent pas faire oublier tout le travail mené tant par les professionnels que par les pouvoirs publics pours conserver l’empreinte de l’activité industrielle et artisanale par fois à des échelles beaucoup plus petites dans les quartiers