Le mercredi 22 septembre, dans le cadre de la 8e édition de la Nantes Digital Week, c’est en webconférence que l’Auran, ADN Ouest et l’Ademe ont proposé un débat sur la gestion du cycle de vie des appareils numériques à l’échelle d’un territoire. 42 personnes se sont connectées en ligne pour partager les enjeux de ce sujet, encore embryonnaire dans les stratégies locales de développement des territoires.
Les équipements numériques ont envahi nos foyers, nos bureaux et se déploient dans l’espace public. Avec des taux d’équipement et de renouvellement qui ne cessent de croître, la question du devenir des terminaux usagés ou hors d’usage se pose. Comment s’organise la gestion du cycle de vie de ces équipements numériques à l’échelle d’un territoire ? Comment maîtriser les impacts liés à leur renouvellement et favoriser l’allongement de leur durée de vie ?
5 acteurs, experts et témoins de l’amont à l’aval du cycle de vie des équipements numériques, ont échangé sur leurs visions avec les participants :
Christophe Brunot, co-fondateur de Largo, spécialiste du reconditionnement et de la commercialisation de terminaux numériques.
Olivier Langlet, directeur de l’innovation, WeeM, et acteur de la création d’une filière de réemploi à l’échelle de la métropole de Rouen.
David Léaurant, directeur systèmes d’information du groupe REALITES
Adrien Montagut, cofondateur de Commown, coopérative de l’électronique responsable
Bertrand Reygner, directeur technique chez Ecologic, éco-organisme de prévention, collecte et recyclage des équipements électriques et électroniques.
Après avoir posé le cadre du débat et les raisons pour lesquelles le devenir nos appareils numériques nous interpelle collectivement, le sondage proposé à tous les participants a permis de déterminer que la structuration des filières de réemploi était la priorité pour 40 % des participants. 23 % d’entre eux considèrent plutôt que les efforts doivent se concentrer sur la sensibilisation des usagers. La même proportion des participants pensent au contraire plus utile de s’attaquer à la règlementation nationale et européenne pour avoir un impact à l’échelle locale. Enfin, 13 % d’entre eux préconiseraient davantage des actions auprès des entreprises pour les accompagner dans la gestion de leurs parcs numériques.
Les cinq intervenants ont été tous unanimes : les territoires ont tout intérêt à se pencher sur ce sujet tant les usages du numérique ont envahi notre vie quotidienne. Le sujet est d’autant plus prégnant que les enjeux liés au cycle de vie des appareils numériques relèvent à la fois de considérations environnementales, économiques et sociales à l’échelle locale.
Les différents témoignages ont mis en lumière la diversité de la ressource, des usages et des voies de valorisation de nos équipements numériques.
Le réemploi s’est largement démocratisé ces derniers mois, notamment par l’émergence de plateformes commerciales spécialisées et au travers des engagements pris par les prinicpaux opérateurs téléphoniques pour commercialiser des produits de seconde main. Le sujet du réemploi, à l’échelle locale, soulève aussi des question de structuration de filière depuis le sourcing de la ressource jusqu’au redéploiement des appareils remis en état d’usage. La mise en place de ce type de filières de proximité répond d’ailleurs à d’autres enjeux et notamment économiques et sociaux en favorisant l’insertion par l’activité économique et en répondant à des difficultés d’accès aux outils numériques. On peut alors distinguer deux types d’activités de réemploi à l’échelle d’un territoire. Le réemploi à vocation commerciale sur le modèle de la société Largo dont l’atelier est basé à Sainte-Luce-sur-Loire. Le réemploi à vocation sociale tel qu’il a été mis en place dans le cadre du projet « Reboot Ecosystème » à l’échelle de la métropole de Rouen.
Les acteurs économiques, en tant que gestionnaires d’importants parcs numériques en volume, représentent une forte capacité d’entrainement pour le territoire. Les intervenants ont fait le constat d’un manque de visibilité de la filière du réemploi pour répondre aux besoins des professionnels. L’allongement de la durée de vie des terminaux électroniques passe aussi par la gestion des cycles de propriété. Plus un terminal change de propriétaire dans sa vie, plus le coût de l’allongement de la durée de vie pour le propriétaire final sera important. Ainsi, différentes offres de locations de terminaux existent et permettent aux professionnels de déléguer la maintenance des appareils. Ce modèle amène aussi les acteurs économiques à remettre en question la fréquence de renouvellement des parcs et in fine leur comportement de consommation et les stratégies marketing et de production des industriels de l’IT.
Après avoir poussé l’utilisation d’un terminal jusqu’au bout arrive fatalement la question de la gestion des déchets. Les éco-organismes ont pour objectif de maximiser le recyclage des matières qui composent les terminaux numériques. Les processus de recyclage s’organisent à l’échelle nationale et internationale. Néanmoins, plusieurs actions sont (à) mener à l’échelle locale dans le but d’amener les déchets générés vers les filières appropriés de recyclage. On voit notamment des opérations de collecte s’organiser sur les territoires, que ce soit à l’initiative des collectivités ou des réseaux de l’économie sociale et solidaire. La communication auprès des acteurs économiques locaux se met en place, avec les chambres consulaires et les réseaux d’entreprises. Il apparait essentiel d’avoir une filière locale structurée pour appuyer l’action des organismes nationaux comme les éco-organismes. C’est tout le chantier qui s’ouvre pour les territoires, en ligne avec leurs efforts pour fédérer les acteurs locaux autour des enjeux environnementaux.
Pour en savoir plus, retrouvez ci-dessous l’enregistrement de ce webinar.